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T'as le bonjour d'Alfred !!
13 septembre 2012

Vittorio Gassman le flamboyant

 

 

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De tous les comédiens de cette génération, le Génois Gassman (1922-2000) est le plus complet et le plus brillant.

Il est d’abord un corps, souple et dansant, un sourire carnassier et des bras immenses. C’est un athlète, qui dépasse d’une tête ou deux ses partenaires.

Mais il sera d’une beauté qui s’accomplit, se crevasse et s’épure avec le temps, qui se fortifiera du doute et de la mélancolie. De tous ses camarades de jeu, c’est son visage qui a le plus embelli. 

Il était un jeune buffle au sourire éclatant, il est devenu un vieux lion dont le clin d’œil en lame de rasoir suffit  à évoquer un empire de souvenirs grandioses et désabusés (cf le rôle inoubliable du Prince condamné par la Mafia à vivre enfermé dans un hôtel dans Oublier Palerme de Francesco Rosi de 1989).

Mais ce séducteur ravageur est en même temps un fou et un saltimbanque angoissé, aimant tous les rôles et arborant toutes les grimaces possibles. Il est très représentatif de l’autodérision italienne qui met en avant dans ses récits un personnage surpuissant pour mieux se moquer de lui à la fin.

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Jeune premier romantique dans les années quarante, il est d’abord dévolu aux films sportifs (on sort de la guerre et le public a envie de voir des pirates, des chevaliers ou des mousquetaires) où il tient généralement le rôle du bad guy. Mais  il n’aime rien tant que les personnages grotesques et monstrueux qu’il enchaîne sans pudeur, depuis le boxeur nul et bègue du Pigeon (de Mario Monicelli, 1959) jusqu’à la galerie de personnages que lui ont offert ses deux autres réalisateurs de prédilection Dino Risi et Ettore Scola.

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Le premier, notamment dans ses films à sketches (Les Monstres, 1961 et Les nouveaux monstres 1978) le grimera en handicapé mental, en éditrice un peu kougar, en brute épaisse, en fanfaron du volant, en colonel aveugle obsédé sexuel, en cuisinier homosexuel, etc,.. mais aussi révélera la part tragique du quinquagénaire (l’inoubliable Parfum de femme, 1975 le père désabusé de Cher Papa 1979).

 

Voir leur belle interview en français

[Itw de Dino RISI et Vittorio GASSMAN au festival de Cannes]


Plus jeune, Scola s’attachera dans ses comédies douces-amères à sa mélancolie et lui fera incarner des parvenus hypocrites et désabusés, symboles de la réussite consumériste des Italiens d’après-guerre (Nous nous sommes tant aimés, 1973, la Terrasse, 1980 et la Famille, 1987).

Il a eu plusieurs vies et a même joué à la vedette américaine, et épousé (notamment) une star américaine, Shelley Winters (la mère de Lolita dans le film de Kubrick), tentant une carrière atlantique où on ne retiendra ses collaborations avec Altman (le chef d’œuvre Nashville et Quintet).

Un regret : contrairement à Mastroianni, il aura peu tourné en France (La vie est un roman d’Alain Resnais, 1983).

 

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Ainsi le jeune premier n’a jamais cessé de dévorer l’écran, de la comédie burlesque au drame.

A la fin de sa vie, il est temps  : ses identités fusionnent. Car Gassman dissimule sa face la plus authentique. Dans le fond il n’a qu’un seul amour sérieux: le théâtre.

Quand il jouait les monstres au cinéma pendant la journée, le soir il bondissait sur les planches pour enfiler le costume de Kean, d’Othello ou de Macbeth. Il enseignera cet art aux plus jeunes, dirigera à son tour une poignée de films et terminera sa vie par des triomphes au théâtre : la Divine comédie ou Moby Dick.

Il a tout joué. Il était l’acteur par excellence.

 

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