Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
T'as le bonjour d'Alfred !!
27 octobre 2009

Jacques Tourneur, l'art des mondes étranges

Quelques mots sur cet auteur sans évoquer toute son œuvre (ne l’ayant pas encore vue en intégralité)

Un Français d’Hollywood

L’un des meilleurs metteurs en scène américains du film de genre est… un Français

Né en 1904 à Paris et mort en 1977 à Bergerac, Jacques Tourneur s’est toujours défini lui-même comme un artisan, et procède d’une lignée d’artistes : il est le fils de Maurice Tourneur, réalisateur français avec lequel il débute comme monteur et qu’il accompagne en 1919 à Hollywood.

(Maurice Tourneur est surtout connu pour deux chefs d’œuvre de la guerre : le drame Volpone en 1940 (avec Harry Baur et Louis Jouvet).et le conte fantastique La main du diable en 1943, un des rares grands films fantastiques français, avec Pierre Fresnay).

Un film-maker :

Comme John Badham ou dans les années 1980 ou .Gore Verbinski aujourd’hui, Tourneur était dans les années 1940-1950 un des filmmakers les plus réputés, c’est à un dire un metteur en scène passant indifféremment du film noir au film fantastique en passant par le western, le drame ou le film d’espionnage.

Au sein de cet ensemble hétéroclite, Tourneur apporte une touche particulière : dans l’importance donnée au clair-obscur, dans la qualité de ses dialogues et l’épaisseur de ses personnages (Out_of_the_Past pourrait de ce seul point vue être considéré comme le meilleur film noir des années 1940), dans le rythme imprimé à ses récits et l’authenticité de ses décors (voir notamment Berlin Express, suspense d’espionnage où un savant est poursuivi en 1946 par un Nazi dans les ruines de Berlin)

Un maître du film d’angoisse

Le cinéma américain fantastique et de thriller se prête particulièrement à ses manières de suspense : une attente progressive, une enquête intrigante, et une oppression de plus en plus forte de son personnage principal jusqu’à la surprise finale.

curseofthedemon2

Tourneur prend souvent le point de vue d’un personnage rationnel qui refuse le paranormal mais découvre malgré lui les indices de l’existence d’autres mondes et d’autres êtres.

Le succès de Cat people (la Féline) en 1942, financé par la RKO, lui permit de poursuivre dans cette veine à la recherche d’esprits de l’au-delà, (Walked with a zombie en 1942), d’autres chimères (The leopard-man en 1943) et par la suite, au milieu des ruines de Stonehenge, sur les traces des croyances druidiques (Night of the Demon son chef d’œuvre, en  1958).

Un artisan inspiré

Ce qui frappe surtout c’est la parcimonie des moyens qu’il emploie pour conter son histoire. La faiblesse des budgets dont Tourneur dispose est propice à développer son style elliptique. Plutôt que dévoiler il prête à entendre, et comme Hitchcock intègre le spectateur à sa manipulation. Il est coûteux et inutile de montrer l’étrange : le son, l’enfermement de l’acteur, l’attente du spectateur suffiront à susciter l’effet.

Pour cette raison il continue de faire l’admiration de nombreux cinéastes, Scorsese en premier. Avec simplicité, avec rigueur, avec conviction, Tourneur entraîne le spectateur vers des chemins inhabituels. Ses films fantastiques sont parmi les plus crédibles de l’histoire du cinéma car lui-même croyait aux forces de l’esprit.

La vérité est à la frontière du visible et de l’invisible. A peine entrevu, l’indice se perd dans le vent et les phrases ensorcelées s’enflamment sur le parchemin. Ce qui importe c’est de capter cette frontière du jour et de nuit, ces traces de pas qui apparaissent tous seuls dans la neige et ces matins blêmes où les hommes sont face à leur raison. La poésie de l’étrange.

DVD disponibles de Jacques Tourneur

Article de blog sur son travail

Publicité
Publicité
Commentaires
T'as le bonjour d'Alfred !!
Publicité
Publicité